Face au drame, débattre dignement
Il y a quelques jours, une femme est morte, tuée d’une balle dans la tête. Ne l’oublions pas.
Bien sûr, il n’est pas tabou dans une république qui se veut démocratique, de débattre des violences commises par des policiers dans le cadre de leurs fonctions. C’est même indispensable de pouvoir le faire de façon apaisée, objective et loin des caricatures, lorsqu’on est un homme ou une femme politique, lorsqu’on prétend contribuer à l’écriture des lois qui régissent le vivre-ensemble. De la répression des Gilets Jaunes aux pratiques discriminatoires pointées du doigt vis-à-vis des populations des quartiers populaires, particulièrement celles issues de l’immigration, en passant par les images qui ont fait le tour de l’Europe à la suite des récents incidents au Stade de France, sans oublier cette vidéo prise par un policier de lycéens mis à genoux, nier qu’il existe en France un problème de violences policières est un déni de réalité qui invisibilise le vécu des personnes qui les subissent, et rend impossible une prise en compte efficace des réalités du terrain.
Bien sûr, il n’est pas question de caricaturer une profession entière, de jeter l’opprobre sur qui que ce soit. On ne pourra pas faire l’économie d’un examen lucide et sans doute d’une refonte du mode de fonctionnement de notre police nationale, dont les agents sont parfois soumis à des conditions de travail déplorables. Comme on ne peut plus se passer d’admettre que les policiers sont de plus en plus nombreux à tirer eux-mêmes la sonnette d’alarme sur les violences qu’ils subissent eux-mêmes au travail : violences sexistes ou racistes de la part de supérieurs ou de collègues, violence psychologique dans le manque de considération apportée par les ministères censés veiller à ce qu’ils puissent exercer leur fonction sereinement, mais aussi violence émotionnelle, car ils paient pour tous ceux qui profitent de leur statut d’agent de police pour bafouer la loi et les principes d’égalité et de justice qui sont les piliers de notre société.
Je refuse de rebondir sur les petites phrases des uns ou des autres. Ni la polémique locale lancée par des adversaires électoraux, ni le débat national réactivé y compris par des personnalités de mon camp politique ne me pousseront à dégainer, à mon tour, une déclaration à l’emporte-pièce pour tacler l’un ou me faire l’écho de l’autre.
Oui, il faudra discuter du fond de ces questions, calmement, objectivement. Il y aura un temps pour ça, celui de la législature.
Ce moment, ce n’est pas celui d’une campagne, où la nuance et la profondeur laissent souvent la place aux raccourcis et aux postures.
J’appelle chacun à respecter le fait que le drame récent qui provoque ces prises de parole a brisé plusieurs vies, et mérite mieux que de servir de carburant à des passes d’armes politiciennes.
Une femme est morte, ça n’aurait pas dû arriver, ça ne doit plus arriver. Travaillons ensemble à éviter ces tragédies et respectons les individus directement concernés.
On vous dira que je suis « anti-police ». Je suis en réalité contre la violence, tout simplement. J’ai foi en l’intelligence des électeur·ice·s, et des agents des forces de l’ordre, qui savent très bien faire la différence.